mercredi 9 mars 2011

Au coeur du cratère


L’Indonésie comptant plus de 17 500 îles, nous ne pouvions nous en tenir qu’à Bali. L’île de Java et ses volcans a suscité notre intérêt. Le volcan Kawah Ijen, avec ses 2148 mètres et son cratère d'un kilomètre de diamètre, est situé dans la partie est de l’île. Le Ijen, comme on l’appelle ici, se caractérise par son lac ovale de couleur turquoise due à l'extrême acidité de ses eaux, ce qui lui vaut d'être considéré comme le lac le plus acide du monde avec un pH avoisinant 0,2. Mais le Ijen se caractérise surtout pour sa portion humaine : 300 travailleurs s’affèrent à extraire le souffre du coeur du volcan au péril de leur vie. L'évaporation du lac acide tout près et les vapeurs dégagées par la solfatare (lieu d’extraction du souffre) sont hautement chargées en acide chlorhydrique, acide sulfurique, dioxyde de soufre, etc., qui attaquent les muqueuse les yeux et la peau. Pour avoir été exposés à ces vapeurs, l’irritation des voies respiratoires se fait ressentir instantanément. Le morceau de tissu qu’ils serrent entre leurs dents en guise de masque à gaz est tout ce qui leur sert de protection.





Les vapeurs sont émises des profondeurs du cratère à une température d'environ 200 °C. Sortant de terre à l'état gazeux, le soufre se refroidit et passe à l'état liquide avant de se cristalliser rapidement, formant ainsi le souffre. Il faut près d’une heure pour qu’il perde sa teinte orangée et obtenir sa couleur typiquement jaune. À ce stade, seule une partie du travail est fait puisqu’il faut acheminer la matière en surface. Cela implique que les travailleurs doivent transporter dans des paniers d’osier entre 60 et 80 kilogrammes de pierres de souffre à même leurs frêles épaules, ce qui est dans la majorité des cas plus que leur propre poids. Une fois le cratère remonté, ils doivent redescendre le volcan sur une distance d’environ quatre kilomètres jusqu’au point final de livraison. La plupart des travailleurs feront le voyage deux fois dans la même journée, certains avec la cigarette à la bouche. Pour tous ces efforts surhumains, ces hommes aux corps brisés seront payés 650 roupies indonésiennes (0.07$ canadien) par kilogramme, ce qui revient à moins de 10 dollars canadiens pour deux voyages de 70 kilogrammes. Dans ces conditions infernales, notre cargaison de 80 biscuits que nous avons distribuée aux travailleurs a été fort appréciée, tout comme nos quelques vêtements qui n’étaient plus d’aucune utilité. Nous avons été touchés par l’amabilité et la courtoisie de ces hommes.


 
Un peu plus touristique, c’est vers le volcan Bromo que nous nous sommes ensuite dirigés. Nous avons été accueilis par un paysage lunaire. Étant en activité depuis fin novembre 2010, le volcan du haut de ses 2392 mètres crache sans cesse sa fumée recouvrant de cendre les villages avoisinants. L’hôtel étant situé directement dans le corridor de fumée, nous avions l’impression de séjourner dans un cendrier. La cendre était omniprésente autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’hôtel. À même notre chambre, on pouvait entendre le grondement émis par le volcan, similaire au son du tonnerre.  


Pour admirer le volcan dans toute sa splendeur, nous avons dû nous y rendre à 4h00 du matin afin d’être présents au lever du jour. C’est dans un froid glacial que nous avons observé l’activité du volcan, projettant parfois des pierres provenant de ses bas-fonds. Nous avons poussé l’aventure d’un cran en allant contempler le volcan à la tombée de la nuit. L’expérience fut intéressante mais pas aussi rocambolesque que notre retour à l’hôtel. Faute de taxi, des locaux en motocyclettes nous ont reconduits à destination sous la pluie combinée aux retombées de cendre, résultant une mixture boueuse. Avant d’aller au lit, une douche était de mise ! Drôle de façon pour un volcan de laisser sa trace... 





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