samedi 26 mars 2011

Singeries humaines


"Mini"
"Tito" dégustant une sauterelle
Notre séjour en Indonésie s'est conclu dans un paroxysme de joie et d'amertume. Une promotion offerte par un hôtel quatre étoiles sur l'île de Flores nous a permis de jouir de quelques jours de luxure où tout était parfait, ou presque... L'hôtel garde en captivité trois bébés macaques dans des conditions exécrables. Le benjamin, que l'on nommera « Mini », ne fait que quelques grammes et est si frêle qu'il pourrait loger dans un rouleau de papier hygiénique. Son état est si pitoyable que son espérance de vie devrait se limiter à quelques jours, voire quelques heures. Ensuite vient celui que l'on nommera « Tito » (le préféré de Karine), qui est d'une énergie sans borne et le plus démonstratif de son affection. Impossible de ne pas se laisser attendrir lorsqu'il se met à sucer son gros orteil. S'ensuit « Pas de queue », que l'on a baptisé ainsi puisqu'au lendemain de notre arrivée, son supposé nourrice lui a sectionné la queue prétextant une mauvaise blessure qui nous est pourtant passée inaperçue. Sachant que la queue des singes leur sert de balancier pour sauter de branche en branche, il était difficile de ne pas lui affliger pire sévisse. En plus d'avoir comme refuge que deux misérables cabanes humides, ces singes sont enchaînés aux arbres en permanence. Inévitablement, il n'en faut pas plus pour qu'ils se retrouvent coincés, enroulés autour de leur prison. Leur situation nous a profondément touchés, à un point tel que tout notre temps passé à l'hôtel leur a été consacré. « Mini » ne recevant que du lait frais, nous sommes allés acheter du lait maternisé de première qualité (24 $) et un nouveau biberon. Étant contraints par le temps, c'est les yeux larmoyants que nous leur avons tourné le dos pour retourner à Bali.


"Tito" suçant son gros orteil...

"Pas de queue"


"Le Gros"
Envahis par le sentiment d'impuissance à l'égard de ces victimes de la bêtise humaine, dès le lendemain, nous avons pris la décision d'aller les secourir. L'objectif: les retourner à l'état sauvage. Nous avons chercher assistance auprès de deux organismes indonésiens œuvrant auprès des animaux. Le défi était certainement de convaincre les dirigeants de l'hôtel de nous confier « leurs joujoux ». Aussitôt dit, aussitôt fait, nous revoilà partis vers là où nous étions trois jours plus tôt. Quelle surprise de constater que l'hôtel n'était plus en possession de seulement trois singes mais plutôt de cinq. L'un de ceux-ci, que l'on nommera « Le Gros », a été acquis à l'ouverture de l'hôtel il y a un an, tandis que le petit nouveau que l'on nommera « Médium » a été acheté deux jours avant notre arrivée. Bien que difficile d'approche, il ne fallu pas plus de 24 heures de tendre attention avant que ces deux petits nouveaux nous adoptent. C'est avec l'engagement de faire la promotion de leur hôtel que les dirigeants de l'hôtel ont fini par accepter notre offre de les relâcher. Après plus de quatre longues heures de taxi avec cinq singes à bord, on a de la veine lorsque nous rencontrons aux abords de la route une famille de macaques. Généralement, les femelles devraient adopter les nouveaux bébés que nous leur confions, condition essentielle à la réussite de leur retour à l'état sauvage. Après avoir laissé « Mini » (le plus jeune) plusieurs minutes seul à proximité de la famille, notre première tentative s'est avérée être un échec. Nous espérions que ses cris stridents attisent l'instinct maternel de certaines femelles mais en vain. Souhaitant augmenter nos chances de succès, nous avons ensuite joint à lui « Tito ». Comme résultat, un simple regard désintéressé des membres de la famille. Puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, un orage violent est venu s'abattre sur nos deux orphelins, les mettant dans un état de panique à en faire pitié. S'en était terminée de notre tentative de réinsertion, la famille étant partie se réfugier à l'abri de cette mer de pluie. Inutile de chercher plus loin, aucune autre famille ne sortira de sa cachette avec de tels torrents.

"Médium" toujours aussi farouche
Avec le goût amer de l'échec, c'est en compagnie de nos cinq adorables primates que nous avons repris la route en direction de l'hôtel. N'ayant pas d'autres alternatives, cette fois le nouvel objectif était de convaincre les dirigeants de l'hôtel d'offrir les soins adéquats à ses pensionnaires. Dès le lendemain, on s'affairait à faire des recherches sur internet pour rédiger des règles à suivre afin que l'hôtel leur offre les soins primaires: leur donner de l'eau, construire une cage, varier leur alimentation, etc.

Face à l'inertie de l'hôtel à s'occuper de ses singes et voyant l'approche de notre départ, c'est avec un peu plus de fermeté que nous avons convaincu les dirigeants de s'en tenir à ces règles, toujours sous conditions de faire la promotion de leur hôtel. Les photos qu'ils devront nous faire parvenir à brève échéance feront preuve de leur bonne foi et du respect de notre entente.


Au revoir nos chers petits, en espérant qu'un jour l'humain vous démontre un peu plus de considération. xxx
   
Un sourire pour la photo alors que la situation est si triste

2 commentaires:

  1. Marilyne et Mathieu26 mars 2011 à 11:44

    C'est bien triste cmme histoire. En espérant que les gens de l'hôtel s'occupe le mieux possible de ces petits animaux...

    Profitez de l'Australie, on a hâte de vous revoir.

    Marilyne et Mathieu

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  2. Marilyne et Mathieu, on espère nous aussi avoir des nouvelles de l'hôtel le plus tôt possible parce que tant qu'ils ne seront pas dans la cage, ils seront dans des conditions pitoyables.
    On se voit dans moins d'un mois! xxx

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